SYLVIA VERSINI ORCHESTRA
- Sylvia VERSINI-CAMPINCHI, compositions, adaptations, arrangements, direction, piano, claviers
- Emil SPANYI, piano, claviers
- Joe QUITZKE, batterie
- Éric SURMENIAN, contrebasse, basse électrique
- David LEWIS, trompette, bugle
- Daniel ZIMMERMANN, trombone
- Lionel SEGUI, tuba
- Hugues MAYOT, saxophone ténor, clarinette
- Ganesh GEYMEIER, saxophones soprano, ténor
- Invité : François JEANNEAU, flûte, saxophone soprano
« S’il y avait une justice dans le domaine du jazz l’année 2010 aurait du être celle de la célébration du centenaire de la naissance de l’une des plus grandes personnalités de l’histoire de cette musique : Mary Lou Williams.
Née Mary Elfrieda Scruggs ( le 8 mai 1910 à Atlanta, en Georgie), pianiste, compositrice et arrangeuse elle aura en effet marqué le siècle dernier de ses impressionnantes et très diverses qualités musicales et humaines. Accompagnant et précédant souvent nombre d’innovations essentielles de la saga du jazz.
Pianiste précoce, surnommée « Little Piano Girl », mariée très jeune (16 ans) au trompettiste John Williams, elle suit celui-ci dans ses engagements et, notamment, chez Andy Kirk (1929) dont elle devient rapidement la pianiste et l’arrangeuse fétiche. Suivent des scores originaux pour les orchestres de Jimmy Lunceford, Earl Hines, Benny Goodman et Duke Ellington (l’un de ses plus fidèle admirateur).
Figure emblématique du Kansas City des années 30, Mary Lou suscite l’admiration des plus grands solistes de l’époque. Elle dirige ses propres groupes, dont un orchestre entièrement féminin, compose et crée sa « Zodiac Suite » au Carnégie Hall de New-York (1946). Tout en veillant avec bienveillance sur les recherches et expérimentations des jeunes boppers (Thélonious Monk, Dizzy Gillespie, Charlie Parker) qu’elle conseille et encourage.
De 1952 à 1954 elle séjourne en Europe (Londres, Paris) puis, rentrée aux Etats-Unis, prend du recul et se consacre à la religion avant de renouer avec la scène aux côtés de Dizzy Gillespie (Newport, 1957). Durant les années 60 elle compose essentiellement des oeuvres de musique sacrée (« Black Christ Of The Andes »), des messes, tout en se produisant dans les clubs et les festivals avec le souci d’inscrire son travail au plus près des racines de la tradition afro-américaine (blues, gospel, stride et boogie-woogie). Tout en restant vigilante aux évolutions de la musique de jazz et dont témoigne sa rencontre avec Cecil Taylor (1977).
Attitude et positionnement exemplaire tenus jusqu’à sa disparition, des suites d’un cancer, le 25 mai 1981.
Elle laisse une oeuvre originale considérable dont la négligence à en célébrer l’importance constituerait une injustice majeure. On ne peut donc que saluer chaleureusement l’initiative originale de sa jeune consoeur, Sylvia Versini, qui après « Broken Heart » (Ajmiseries AJM 11) développe ici son univers musical « with Mary Lou in heart », respectueusement, dans les pas de la grande dame du jazz. »
– Jean-Paul Ricard