Zoom sur l’AJMi – Entretien avec Antoine de La Roncière

 

Photographie : Mame Bousso

 

 

Il y a déjà plusieurs semaines, nous vous partagions la nouvelle de la nomination d’Antoine de La Roncière à la direction artistique de l’AJMi. Depuis son arrivée au sein de notre équipe, nous avons commencé à faire sa connaissance et de découvrir son projet artistique pour notre Association pour le Jazz et les Musiques improvisées. Nous avons réalisé un entretien avec ce dernier pour vous le présenter et vous introduire en quelques lignes son projet de direction artistique.

Quel est ton rapport à la musique ?

Antoine : Mon rapport à la musique est lié à la fois à la musique live, en concert, et à une certaine forme de musicologie. C’est-à-dire comprendre et essayer de découvrir différentes esthétiques : l’histoire de la musique, savoir ce qui s’est passé dans chaque endroit du monde, en France et même parfois dans des scènes plutôt locales. J’aime avoir une idée assez vaste de ce qui se passe dans l’histoire, puis ensuite dans l’actualité récente de la musique.

D’où te vient cette curiosité autour de la musique et comment cela influence-t-il ton travail ? 

Antoine : Il n’y a pas forcément de personnes qui m’ont permis d’avoir cette curiosité. Quand je pense à la musique, je pense d’abord aux musiciens et aux gens qui organisent derrière. Cette frontière entre les organisateurs et les musiciens a tendance aujourd’hui à s’estomper un peu, puisqu’il y a beaucoup de musiciens qui créent eux-mêmes des choses. Ils créent des festivals, ils font de la diffusion et des projets. On a des super partenaires avec lesquels on va défendre plein de projets, par exemple avec Naï-nô et Pascal Charrier. C’est un très bon exemple et une chance, pour moi qui suis organisateur. Mon rapport à la musique est aussi là. Pour moi, il y a des musiciens et des gens qui écoutent la musique, et/ou qui veulent la promouvoir. Ce qui m’importe c’est la diversité et la pluralité esthétique. À la fois dans le milieu musical qui me concerne ici : le jazz et les musiques improvisées, mais aussi dans tous les autres cadres de musique : le rock, le rap, l’électro, la musique classique, du classique au contemporain… Cette pluralité esthétique, cette envie d’aller chercher et de découvrir, elle me vient peut-être de mon père qui avait des disques de musiques contemporaines. Pour quelqu’un qui écoute du classique, avoir ces disques c’était cette manière d’essayer de découvrir et de sortir de sa zone de confort.

Peux-tu nous parler de ton parcours professionnel dans la musique et de ce qui t’as amené à devenir directeur/programmateur ici à l’AJMi ? 

Antoine : Je pense que j’ai d’abord un parcours professionnel dans la culture. Il y a des gens qui sont faits pour plein de choses. Il y en a qui sont faits pour l’industrie, d’autres qui sont faits pour le cinéma. Il y a différentes manières de le voir. Moi, je sais que c’est la culture au sens large : cinéma, musique, littérature, série… qui m’intéresse énormément. Je ne me vois pas travailler autre part que dans un environnement culturel. Dans la musique, il y a cette partie musicologie dont je viens de parler, qui est très importante pour moi. Connaître un maximum de choses. Alors certains pourraient dire encyclopédique, moi je n’aime pas trop ce mot. Parce qu’avant de parler d’encyclopédie, on est quelqu’un qui aime d’abord. Et donc à partir de ce moment-là, dès l’adolescence, il fallait que je travaille dans ces milieux. J’aimais à la fois le cinéma et la musique. J’ai essayé le cinéma, mais c’était un peu complexe et je ne voulais pas forcément créer. Je voulais organiser. Je me suis donc tourné vers la musique. J’ai tout simplement fait un rendez-vous avec une conseillère d’orientation à dix-neuf an. Elle m’a dit “vous, vous devriez être programmateur d’une salle de concert liée au jazz, puisque vous aimez beaucoup le jazz”. J’ai écouté du jazz depuis le milieu de l’adolescence. C’est amusant d’y repenser. Ensuite, il fallait vraiment trouver la bonne manière d’arriver à ces postes. Et comme pour les postes de programmateurs il n’y a pas de formation spécifique, il a fallu que je passe par des chemins détournés. D’abord bénévolement, puis ensuite j’ai travaillé pour pouvoir me faire mon réseau. J’ai fait une formation de communication, puis une formation d’administration et de production. Ensuite je me suis lancé. J’avais une activité à la fois professionnelle avec un festival dans l’Est de la France, puis une activité bénévole. Je suis entré dans plein de festivals et j’ai été bénévole. Il y a donc eu ce parcours professionnel et de bénévolat, en parallèle. Finalement c’est surtout ça qui m’a servi à arriver là aujourd’hui. C’est ce qui m’a servi à être programmateur au Petit Faucheux et maintenant à devenir directeur à l’AJMi à Avignon. Le tissu associatif c’est très très important, ce sont des gens qui donnent de leur temps précieux.

Peux-tu nous parler de ton projet pour l’AJMi ?

Antoine : Je pense qu’il y a deux mots. Le premier est la consolidation. Consolider les acquis de tout ce qui s’est fait. Effectivement il y a 47 ans d’histoire, mais aussi ces 4 dernières années avec un nouveau projet qui s’est monté, avec des nouvelles personnes. Je veux moi aussi consolider cette partie. Ça veut dire consolider les questions professionnelles des musiciennes et des musiciens, travailler avec le Conservatoire, avec des partenaires de diffusion… Continuer à travailler avec les gens, avec lesquels l’AJMi avait commencé à travailler ces dernières années. Le deuxième est l’ouverture. C’est s’ouvrir encore plus à des échelles différentes. Aujourd’hui c’est vrai que c’est très ouvert sur la ville d’Avignon, un petit peu sur le département, et un petit peu ailleurs aussi. J’aimerais ouvrir encore un peu plus ces questions. Les questions de départements, avec d’autres structures avec lesquelles on pourrait développer des projets. Il y en a deux que je peux citer : le milieu associatif et La Garance à Cavaillon. Il y a aussi l’Europe qui m’intéresse. Pour moi, on doit travailler sur 5 échelles. La ville, le département, la région, l’État et puis l’Europe. L’Europe m’interpelle beaucoup. J’ai envie de développer des projets avec des membres des pays de l’union européenne et pour cela il y a un outil formidable qui s’appelle l’Europe Jazz Network, que l’on va essayer d’intégrer. L’ouverture vers l’Europe c’est très important, parce que finalement ça participe aussi aux valeurs du jazz et des musiques improvisées, qui sont des valeurs d’ouverture et d’intégration de tout le monde. Tout le monde peut être à même de connaître, et d’être accueilli de manière très sympa et favorablement à l’AJMi. C’est des projets très importants parce qu’ils permettent de rassembler des personnes qui n’ont pas forcément les mêmes opinions, les mêmes origines, les mêmes envies. C’est ça qui m’intéresse le plus. Et c’est autant à travers les actions pédagogiques, qu’au niveau de la programmation, et au niveau des échelles sur lesquelles on va être intégrés de plus en plus, que l’on va s’ouvrir vers de nouveaux publics.

Est-ce qu’il y a quelque chose que tu aimerais dire à nos publics et nos partenaires ? 

Antoine : Sentez-vous libre d’être qui vous êtes à l’intérieur de nos murs. On met aussi les différences de côté quand on vient à l’AJMi, parce qu’on va partager quelque chose qui est commun à nous toutes et tous : c’est la musique. Donc venez partager avec nous. Vous allez être accueillis comme tout le monde.

As-tu un mot pour la fin ? 

Antoine : Dans les milieux culturels, il y a des difficultés budgétaires que tout le monde ressent. Que ce soit en France métropolitaine ou ailleurs, dans les différentes régions, départements, villes qui nous concernent, il y a des difficultés budgétaires très fortes. Mais la culture est importante parce qu’elle est vraiment un vecteur de rassemblement. Il faut vraiment le prendre en considération. On ne travaille pas pour une catégorie de personnes ou une autre, on travaille pour tout le monde. Pour essayer de démocratiser quelque chose. Et notamment le jazz et la musique improvisée. On a besoin du public, on a besoin d’aides, on a besoin de se serrer les coudes chacuns et chacunes pour faire en sorte que malgré les difficultés, on puisse quand même travailler ensemble et défendre une idée de la culture qui est une idée démocratique.

 

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